Dans quels domaines de la vie quotidienne rencontre-t-on les sciences humaines?

Les sciences humaines abordent à la fois les grandes questions et les thèmes a priori familiers. 

Quotidiennement, les êtres humains vivent de manière plus ou moins intense ce que les sciences humaines étudient: comportement social, langue, symboles, coutumes, institutions, peintures, architecture, musique, littérature, théâtre, arts plastiques, modes de vie et pratiques ainsi que les sciences en tant que créations de l’homme. Elles font donc depuis bien longtemps ce que les sciences exactes ont récemment qualifié de «recherche translationnelle».

«Die Aufgabe ist nicht, zu sehen, was noch niemand gesehen hat, sondern zu denken, was noch niemand gedacht hat über das, was alle sehen»

Arthur Schopenhauer

Quelques exemples du quotidien

  • Les domaines de la linguistique tels que la linguistique textuelle, entre autres, expliquent la convivialité d’utilisation des sites web et des smartphones et répondent à d’autres questions relatives à l’ergonomie.
  • Les théories de narration issues de la littérature et de l’histoire établissent des principes dans les champs d’application tels que la communication, le marketing, le conseil et le coaching. L’usage de la narration (storytelling) va bien au-delà de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales.
  • Le combat contre le changement climatique n’engage pas que les sciences techniques: bien que la recherche ait déjà découvert des solutions pour remplacer les moteurs à essence ou à Diesel dans la construction automobile, l’industrie pétrolière et les citoyens ne se laissent pas convaincre par la seule morale et leur conscience. Dans cette transition énergétique, les styles de vie ont autant de poids que les questions d’ordre technique et économique.
  • L’explosion des coûts de la santé et les frontières de la médecine humaine nécéssitent de nouveaux concepts de santé et de maladie et créent des approches personnalisées qui placent l’individu au centre (cf. Projet prioritaire «La mutation du système de santé», Académies suisses de sciences).  Les sciences humaines et sociales deviennent des fournisseurs de connaissances de plus en plus importants.
  • Dans le débat sur la pénurie de personnel, les interlocuteurs oublient souvent que la conciliation du travail avec la vie de famille est davantage liée aux structures institutionnelles qu’ils ne l’imaginent (cf. «Wie sich Paare beim Elternwerden retraditionalisieren, und das gegen ihre eigenen Ideale»[1], René Levy, 2016). 
  • Parmi certains thèmes soumis à votation (p. ex. le diagnostic préimplantatoire, la biotechnique ou les déchets radioactifs), des voix s’élèvent et affirment que nous, en tant que citoyens normaux, sommes en principe dépassés par l’étendue de ce type de décision. Là aussi, un savoir d’orientation apporté par les sciences humaines est requis.

«It's in Apple's DNA that technology alone is not enough—that it's technology married with liberal arts, married with the humanities, that yields us the result that makes our hearts sing.»

Steve Jobs

Grands défis pour le monde actuel

Imaginez le scénario suivant: dans certains pays d’Afrique de l’Est, un virus mortel se répand de façon pandémique. Pour contenir ce virus, il faut produire au plus vite un vaccin qui n’est pas seulement efficace, mais aussi abordable pour la population des pays touchés. Les chercheurs réussissent ce pari, mais personne ne veut se soumettre à l’injection de ce vaccin. 

L’effrayante épidémie du virus Ebola n'est certes plus médiatisée, mais elle n’est pas oubliée. Ce type de scénario n’est pas seulement réaliste, il exige une connaissance profonde de l’ancrage social, psychologique et culturel des populations qui n’ont pas les mêmes références que nous.

[1] Comment les couples se retraditionnalisent lorsqu’ils deviennent parents, à l’encontre de leurs propres idéaux